mardi 1 janvier 2013

"L'OISEAU EN CAGE" (Les Pamphlets Vol.27 Photographies)


Dans la soirée, seuls sur le zinc
Mon verre et mon tabac roulé
Me tenaient compagnie
Aux tables, ils étaient quatre ou cinq
A faire un poker embrumé
Mais j’étais sans amis
La radio chantait la poussière
Sur un vieux morceau de Tom Waits
La barmaid avait l’air sincère
Remuant son cul comme aux States

Ell’ devait penser comme moi
Qu’on serait bien, loin de chez soi
Même l’oiseau en cage
Rêve de marécages

Il était vingt-trois heur’s passé
Le patron essuyait les chopes
Le regard grimaçant
Je me plongeais sur du papier
Interdit d’allumer ma clope
Dans mon dos, un brelan
Je n’avais aucun train à prendre
En écrivant tout mon ennui
La barmaid semblait bien plus tendre
Que son daron… si c’était lui !

Ell’ devait penser comme moi
Qu’on serait bien, loin de chez soi
Même l’oiseau en cage
Rêve de marécages

Il devait être quarante-huit
A mon portabl’ toujours éteint
Quand j’ai repris ma dose
De whisky-glace avant la fuite
D’un songe où mon autre destin
Serait peut-être rose
J’avais empoché ma bafouille
La barmaid semblait me sourire
Pour savoir si j’avais des couilles
Etait-elle prête à courir ?

Ell’ devait penser comme moi
Qu’on serait bien, loin de chez soi
Même l’oiseau en cage
Rêve de marécages

Vînt minuit, pas une mouche
De peur de s’esquinter les ailes
N’osa s’époumoner
Faut dir’ que j’en tenais un’ couche
En dégainant mon opinel
Et hurlant : « Bonne Année ! »
Le patron a pleuré sa femme
La barmaid s’est sentie plus forte
Ell’ s’est planquée derrièr’ ma lame
Et nous avons passé la porte

Elle avait pensé comme moi
Qu’on serait bien, loin de chez soi
Même l’oiseau en cage
Rêve de marécages !


       Le 01/01/13.
                        Pascal GERMANAUD

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