samedi 23 février 2013

"LES PETITS MARIS HONNÊTES" (Les Pamphlets Vol.3 Enfantillages)


Ils se lèvent en colère
Cuvent le repas d’hier
Prennent leur belle voiture
Les yeux débordant d’injures
Ils arrivent au bureau
Ordonnent un chocolat chaud
A la pauvre secrétaire
Qu’ils reluquent par derrière

Ainsi font, font, font
Les petits maris honnêtes
Ainsi font, font, font
Trois mauvais tours et puis s’en vont

Midi dix, l’heur’ du pastis
Les collègues, les complices
Dîner frugal, six cognacs
L’addition la tête en vrac
Cell’ qui a le feu aux fesses
Ils apprennent son adresse
Prennent un air de destroy
Se rincent l’oeil dans PlayBoy

Ainsi font, font, font
Les petits maris honnêtes
Ainsi font, font, font
Trois mauvais tours et puis s’en vont

La journée, travail grossier
Les larbins ont les dossiers
Un dernier verr’ pour la route
Une main sur la moumoute
Le soir, complètement ronds
Ils retrouvent la maison
Mettent les pieds sous la table
Dis’nt que l’eau n’est pas potable

Ainsi font, font, font
Les petits maris honnêtes
Ainsi font, font, font
Trois mauvais tours et puis s’en vont

Sam’di soir au fond d’un bouge
Entre les bouteill’s de Rouge
Ils complotent à la belote
Jouent la blonde qu’ils pelotent
L’haleine fraîch’ comm’ la lie
Ils s’effondrent dans un lit
Où dort cet être si cher
Fier de son homme d’affaires

Ainsi font, font, font
Les petits maris honnêtes...


                Le 19/01/95.
                                 Pascal GERMANAUD










"LE PARKING SOUS TES REINS" (Les Pamphlets Vol.4 Rage Et Courage)


Je voyag’, je voyage
Aux sommets de tes seins
Je partag’, je partage
J’ vais pas t’ faire un dessin

Je roupill’, je roupille
Sur tes fess’s assassines
Je grappill’, je grappille
Des baisers qui t’ bassinent

Je travaill’, je travaille
Dans l’ parking sous tes reins
Je déraill’, je déraille
Sur ton col utérin

Je m’égar’, je m’égare
Dans le creux de tes cuisses
J’ suis hagard, j’entre en gare
Pas besoin d’une esquisse

Je m’amus’, je m’amuse
Avec tes joues, ta langue
Toi ma Muse  Ô ma Muse
J’ai les genoux qui tanguent

Je travaill’, je travaille
Dans l’ parking sous tes reins
Je déraill’, je déraille
Sur ton col utérin

                 Je somnol’, je somnole
Une oreill’ sur ton ventre
Je m’affole Ô ma folle
Par les antres où je rentre

Je travaill’, je travaille
Dans l’ parking sous tes reins
Je détaill’, je détaille
Tes atouts souterrains

Je travaill’, je travaille
Dans l’ parking sous tes reins
Je déraill’, je déraille
Sur ton col utérin

Je travaill’, je travaille
Dans l’ parking sous tes reins
Je détaill’, je détaille
Tes atouts souterrains.


        Le 01/08/06.
                         Pascal GERMANAUD



"SON INCONNU" (Les Pamphlets Vol.9 Vers Divers)


Ell’ n’aimait plus mon humour
Tapageur
Je n’étais plus son amour
Son bonheur
J’ passais mon tour
J’ quittais son coeur
Je suis dev’nu
Son inconnu

Ell’ n’aimait plus mes histoires
Mes conquêtes
Ell’ n’avait plus mes espoirs
Dans la tête
J’ai dû trop croire
En sa planète
Je suis dev’nu
Son inconnu

Ell’ n’aimait plus mes coups d’ fil
Au désordre
J’ai dû devenir son fil
A retordre
J’avais l’ profil
D’ la proie à mordre
Je suis dev’nu
Son inconnu

Ell’ n’aimait plus mon fantôme
Poussiéreux
Je n’étais plus gentilhomme
Demi-dieu
J’étais tout comme
Un cancéreux
Je suis dev’nu
Son inconnu

Ell’ n’aimait plus mes faux-pas
Ni mes gestes
J’ai dû dev’nir son repas
Indigeste
J’étais le gras
J’étais les restes
Je suis dev’nu
Son inconnu

Ell’ n’aimait plus mon regard
Impatient
Je n’avais plus ses égards
Indécents
Je suis ce soir
Simple passant
Je suis dev’nu
Son inconnu.


            Le 15/10/95.
                             Pascal GERMANAUD

"NUITS BLANCHES" (Les Pamphlets Vol.9 Vers Divers)


NUITS  BLANCHES

                 Je passe des nuits bien plus blanches que ta peau
Je pense à ton corps qui flotte comme un drapeau
Je passe des nuits blanches
Sur ton corps qui se penche
Sur ton corps qui s’endort
Dans le silence d’or

Je piste ton retour comme un fauve aux abois
Je te guette immobil’ comme un cheval de bois
Je guett’ les alentours
Comm’ le font les vautours
Sur des pas ivres morts
                 Sur la chaussée dehors

Je piège mes pensées pour en fair’ du vécu
Je tombe dans l’histoir’ comme un guerrier connu
Je piège mon passé
Comme un boulet d’acier
Dans les couloirs obscurs
D’un’ mémoir’ sur mesure

Je plonge d’aventures en récits émouvants
Je te change en étoile ou en sable mouvant
Je chang’ nos aventures
Retours vers le futur
Je passe des nuits blanches
Quand ton corps se déhanche

                 Je passe des nuits plus blanches que ta peau
Je pense à ton corps qui flotte comme un drapeau
Je médite en secret
Comme un chien délaissé
Je me laisse envahir
Par le flot du délire
Je me pousse à songer au besoin de repos
Mais je passe des nuits plus blanches que ta peau.


      Le 11/01/87.      
                       Pascal GERMANAUD

"PETIT BANDIT" (Les Pamphlets Vol.9 Vers Divers)


Une minute ce n’est rien
Le temps n’est pas une tenaille
Pour toi le monde est enfantin
Petit’ canaille
Un jour on joue à la marelle
Le lendemain on fait pareil
Pour des broutilles on se querelle
Petit’ merveille

C’est bouche bée que je m’éprends
D’un chenapan
C’est quand tu ris que je t’envie
Petit bandit

Tous les géants fourmillent autour
Autour de toi c’est la pagaille
Mais nul ne nuit à ton parcours
Petit’ canaille
Tu n’as pas peur de ces grands maigres
Ni de ces gros devant l’ soleil
Dans toute cohue tu t’intègres
Petit’ merveille

C’est le coeur gai que je comprends
Un chenapan
C’est pour ça que j’ te remercie
Petit bandit

Par-delà bien des injustices
Au plus profond de nos entrailles
Nous serons toujours père et fils
Petit’ canaille
Si nos chemins se séparaient
Je ne vivrais que pour la veille
Je ne serai jamais l’ivraie
Petit’ merveille

C’est l’existence que j’apprends
D’un chenapan
Nous voguerons en harmonie
Petit bandit

Une seconde c’est du vent
Mais l’air est bon dans nos batailles
Sans toi je ne s’rai pas souvent
Petit’ canaille
Que ton énergie m’est précieuse
Pour me sortir de mes sommeils
Réveill’ mes humeurs paresseuses
Petit’ merveille

De ta fantaisie je dépends
P’tit chenapan
Ton amour est mon paradis
Petit bandit.


             Le 22/07/95.
                              Pascal GERMANAUD

"LE BIENHEUREUX" (Les Pamphlets Vol.8 Amnésique)


Je n’ai qu’ du rire dans le coeur
Qui bat comme un marteau-piqueur
Et je n’ai pas peur des moqueurs

Des sentiments, j’en vois beaucoup
J’ leur saute au cou à tous les coups
Je les réveille, les secoue

Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous

Je n’ai qu’ du bonheur dans mon sac
Je ne crains pas les culs-de-sac
Et je n’ai pas peur du ressac

De l’affection, j’en vois partout
Pour un enfant, pour un matou
On tente le tout pour le tout

Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous

Je n’ai qu’ du plaisir à donner
Sans amnésie, j’ai pardonné
Je n’ai pas peur des pieds de nez

                 Des “ mamour ”, “ trésor ” ou “ bijou ”
Des caresses joue contre joue
J’en entends, j’en vois et j’en joue

Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous

Je n’ai plus de menottes aux mains
Juste un espoir hors du commun
Je l’ai croisé sur mon chemin

Aujourd’hui c’ n’est pas le Pérou
Des portes blindées, des verrous
Mais j ’attends que tourne la roue

Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous

Je n’ai que de pauvres idées
Je m’en content’, c’est décidé
Je n’ suis pas pour les suicidés

Des misérables sans le sou
Des cousins de l’oncle Picsou
J’en vois des sens dessus dessous

                 Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous

Je n’ai que le ciel et la terre
L’océan qui me désaltère
Je n’ai pas peur des solitaires

Le partage n’est pas tabou
Il est vivant, il est debout
Je l’ai rencontré dans la boue

Prenez-moi tous pour un vieux fou
Qu’on me blesse, qu’on me bafoue
Je suis heureux et je m’en fous.

         
        Le 30/12/95.
                                        Pascal GERMANAUD

"DEMAIN" (Les Pamphlets Vol.9 Vers Divers)


Demain je me rejetterai
Dans le lac de tes yeux
Ton torrent somptueux
La rivièr’ de tes jeux

Demain je me rallongerai
Sur un parterr’ de mousse
Tes jamb’s longues et douces
Tes pulpeux pamplemousses

Mais demain c’est demain
C’est un pays lointain
Mes deux mains, tes deux mains
Vont-ell’s croiser quelqu’un ?

Demain je m’encanaillerai
Dans tes collines blanches
Tes rir’s en avalanche
Le vallon de tes hanches

Demain je me redorerai
Au soleil de ton ventre
Au plus creux de ton antre
Où la lumière rentre

Mais demain c’est demain
C’est un pays lointain
Mes deux mains, tes deux mains
Vont-ell’s croiser quelqu’un ?

Demain je me régalerai
Entre tes lèvres fraise
Tes bras comm’ des falaises
Tes joues qui jouent les braises

Demain je me « renivrerai »
Du mielleux de ton cou
De ton dos acajou
Tes sens dessus dessous

Mais demain c’est demain
C’est un pays lointain
Mes deux mains, tes deux mains
Vont-ell’s croiser quelqu’un ?

Demain je « rebivouaquerai »
Sous les plis de ton voile
Tes mots riches d’étoiles
Ta colonn’ sidérale

Demain je recommencerai
Je chant’rai que je t’aime
Je r’deviendrai le même
Tu r’deviendras idem
Je t’aime

Et demain c’est demain
C’est un pays lointain
Mes deux mains, tes deux mains
Vont-ell’s revivre enfin ?


         Le 08/06/95.
                           Pascal GERMANAUD

"DEBUT DE SIECLE" (Les Pamphlets Vol.20 Sabordage)


Début de siècle en persiflage
Un goût amer au fond d’ la gorge
Les habitants du grand naufrage
Rassemblent l’acier dans leurs forges
Il est grand temps de mettre un terme
A des années de mascarade
Et de battre d’une main ferme
Le fer de lance et la chamade

Passer sans sourciller
De noirs avenirs
De sombres désirs
A de vertes vallées

Début de siècle en embuscade
A vous tarir le moindre espoir
Des relents de bluff en cascades
Menant direct à l’abattoir
Tout n’est que vaste simulacre
Et les habitants en colère
Pour cesser ce jeu de massacre
N’admettent plus ce qu’ils tolèrent

Pour passer sous silence
De noirs avenirs
De sombres désirs
Et de mornes engeances

Début de siècle en mauvais tacle
Un ver dans la pomme d’Adam
Les habitants sont du spectacle
Mais ne compt’nt plus jouer dedans

Il faut tenir la dragée haute
Aux instances de bas étage
Se demander : « A qui la faute ? »
Ou : « Qui nous prenait en otage ? »

Et placer sous tutelle
De trop noirs corbeaux
De sombres escrocs
Pour rassurer le ciel
Pour azurer le ciel

…Pour rassurer le ciel
Pour azurer le ciel.


           Le 28/01/12.
                            Pascal GERMANAUD

"AU LOIN, PARIS" (Les Pamphlets Vol.2 Métamorphoses)


Paris illustre aux yeux de braise
Où tous mes rêv’s s’immobilisent
Je suis si loin de ton emprise !
Paris immense aux lèvres fraise
M’oublieras-tu au bout du monde
Mendiant le coeur d’une Joconde ?

Paris irréelle où es-tu ?
Que ne suis-je enfin dans tes bras
Esclave libre entre tes doigts ?
Paris illuminée de rues
Je t’offre l’âme de mon âme
Pour cent pas sur ton macadam.

Paris idole des poètes
Je pose à tes pieds tous mes rêves
Comme un guerrier jette le glaive.
Paris image de ma quête
Je vois l’ombre du Pèr’ Lachaise
A l’orée de tes yeux de braise.

Paris immortelle cité
Où caches-tu tes ailes douces ?
Ton voile gris ? Ta lune rousse ?
Paris hiver, Paris été
Un jour je franchirai ton antre
Et je serai l’oeuf dans ton ventre.

Paris île mystérieuse
Volcan du bout de l’univers
Je plongerai dans ton cratère !
Paris hilar’, Paris rieuse
J’imagine tous tes néons
Tes petits airs d’accordéon.

Paris inoubliable amie
Belle Diva, belle sorcière
Que ne suis-je dans tes artères ?
Paris irremplaçable esprit
Je reviendrai dans ton royaume
Je serai l’un de tes fantômes.

Paris inouïe, Paris divine
Combien de nuits me faudra-t-il
Vivre sans toi ? Vivre en exil ?
Paris immuable aubépine
Combien de blessures devrai-je
M’inoculer ? Combien de pièges ?

Paris inimitable écrin
J’avancerai à perdre haleine
Dans tes vapeurs de naphtalène.
Paris inextricable essaim
Où se meuvent toutes les races
Je voudrais retrouver ta trace.

Paris incarnée par l’amour
Que reste-t-il de nos étreintes ?
As-tu effacé nos empreintes ?
Paris inondée de tambours
Je veux mourir entre tes rimes
Avant que les vers ne me griment.

Paris illustre aux yeux de braise
Où tous mes rêv’s s’immobilisent
Je suis si loin de ton emprise !
Paris immense aux lèvres fraise
M’oublieras-tu au bout du monde
Mendiant le coeur d’une Joconde ?

                                     
            Le 09/02/91.
                                  Pascal GERMANAUD

dimanche 10 février 2013

"LE MEC AU BAR" (Les Pamphlets Vol.27 Photographies)


Je l’ai vu v’nir, le mec au bar
A se la jouer indifférence
J’en ai connus bien des jobars
Mais c’était peut-être ma chance
Pas du genre la main au cul
Un peu inhibé d’apparence
Souriant après quelques grands Crus
Prêt à se bouger en cadence

J’aurais bien voulu qu’il m’enlève
Pour m’emm’ner au bout de mes rêves
Le mec au bar

Je l’ reluquais comme un’ gamine
Qu’avait jamais connu l’amour
Je me la jouais Marilyn
Avec mon décoll’té du jour
Mais ses beaux yeux, il les plongeait
Dans un carnet de rendez-vous
Ou sans doute intime ; qui sait ?
Il avait peut-être du goût

J’aurais bien voulu qu’il m’enlève
Pour m’emm’ner au bout de mes rêves
Le mec au bar

J’avais terminé les commandes
Des loups d’ la cur’ de désintox
J’étais ouverte à ses demandes
Appuyée sur le vieux juke-box
Il me jetait parfois un œil
Sous l’ regard d’ mon patron d’ mari
Aussi joyeux qu’un jour de deuil
Et je bougeais comme on dit oui !

J’aurais bien voulu qu’il m’enlève
Pour m’emm’ner au bout de mes rêves
Le mec au bar

Il but cul sec un dernier verre
A l’horloge, une année est morte
Pas un seul bruit dans ce désert
Le silenc’ dort, en quelque sorte
Ses not’s au chaud dans son veston
Le mec au bar sort un couteau
Dit : « Merci pour le réveillon »
Et m’embarque dans son auto

Je voulais tell’ment qu’il m’enlève
Pour m’emm’ner au bout de mes rêves
Le mec au bar !


        Le 01/01/13.
                         Pascal GERMANAUD